Pourquoi dépenser près de 18 000 € pour un accident du travail avec un arrêt de 60 jours pour un collaborateur, alors qu’il serait bien plus simple et avantageux, tant pour l’entreprise que pour le salarié, de mettre en place des outils et des formations favorisant une meilleure ergonomie, conformément aux recommandations de la norme ISO 11228 et la norme ISO 12100 ?
La norme ISO au service de l’ergonomie en manutention
Dans le domaine de la manutention, l’ergonomie est une priorité. Depuis plus de 20 ans, la norme ISO 11228 sert de référence internationale pour limiter les risques liés à la manipulation manuelle de charges.
La norme ISO 11228 : une référence pour la manutention manuelle.
Publiée pour la première fois en 2003, la norme ISO 11228 s’appuie sur des recherches ergonomiques et biomécaniques. Elle vise à définir des recommandations pratiques pour protéger la santé des travailleurs. Elle se décline en trois parties :
- Manutention verticale et horizontale (soulèvement, port, transport),
- Actions de pousser et tirer,
- Manutention de charges faibles mais répétitives à haute fréquence.
L’objectif est clair : réduire l’exposition aux troubles musculo-squelettiques (TMS) et autres risques ergonomiques liés aux gestes de manutention.
Focus sur la manutention verticale et horizontale.
Cette partie de la norme s’applique aux objets de 3 kg et plus, manipulés sur une surface plane dans le cadre d’une journée de travail de 8 heures.
Quelques recommandations clés :
- Charge de référence : 25 kg (pour 95 % des hommes) et 15 kg (pour 99 % des femmes), dans des conditions idéales.
- Déplacement recommandé : vitesse modérée (0,5 à 1 m/s) sur sol plat.
- Durée : pas plus d’1 heure par jour pour la manutention verticale.
- Fréquence : inférieure à 0,2 opération/minute dans des conditions optimales.
- Conditions idéales : prise ferme, charge proche du corps, poignet en position neutre, pas de torsion du tronc, environnement adapté.
Facteurs qui réduisent les limites de charges.
Les valeurs maximales doivent être corrigées à la baisse en fonction de :
- La fréquence des manipulations,
- La durée totale sur la journée,
- La posture de travail (flexion, rotation, etc.),
- La forme et la prise de l’objet,
- La distance de déplacement,
- L’environnement (obstacles, surface, température).
Pousser, tirer et charges répétitives.
La deuxième partie de la norme fournit des recommandations sur les efforts de pousser et tirer, notamment la conception des poignées (hauteur, diamètre, espacement) et l’ergonomie des outils.
La troisième partie se concentre sur les tâches répétitives impliquant de faibles charges, en prodiguant des conseils sur l’organisation des postes de travail et la limitation des risques liés à la fréquence des gestes.
La norme ISO 12100 : sécurité et conception des machines.
Au-delà de la manutention manuelle, une autre norme ISO joue un rôle fondamental : la norme ISO 12100. Elle ne traite pas directement de l’ergonomie, mais complète la prévention en s’attaquant à la sécurité des machines.
Elle s’articule autour de deux grandes étapes :
- Reconnaissance des risques du risque : identification des dangers, évaluation de leur gravité et probabilité, prise en compte de toutes les phases du cycle de vie d’une machine (conception, utilisation, maintenance…).
- Réduction du risque : mise en œuvre de mesures pour éliminer ou réduire les dangers (conception sécurisée, protections, dispositifs de commande sûrs).
Elle détaille notamment :
- L’identification des phénomènes dangereux (mécaniques, électriques, thermiques, etc.),
- Les critères d’évaluation des risques,
- Les principes de prévention intrinsèque,
- Les règles de conception des moyens de protection,
- Les recommandations pour la documentation, la vérification et la maintenance.
En résumé, la norme ISO 12100 établit un cadre clair et structuré pour intégrer la sécurité dès la conception des machines et protéger durablement les opérateurs.
Pourquoi ces normes sont essentielles en manutention ?
Les normes en ergonomie sont essentielles parce qu’elles offrent avant tout une base scientifique et internationale qui permet d’encadrer les pratiques de manière fiable et reconnue. Elles contribuent directement à la réduction des troubles musculo-squelettiques (TMS) et des accidents du travail, encore trop fréquents dans les métiers de manutention. Enfin, elles constituent un référentiel commun, partagé entre toutes les personnes qui sont actives de près ou de loin, garantissant une approche cohérente de la sécurité au travail.